Danièle Lecardonnel

Le 1er juillet 2014, Danielle Lecardonnel (Jeanne) à l'époque a évoqué une scène qui l'a profondément marquée à la fin de la guerre le 1er mars 1945 et dont elle ne peut parler sans pleurer.

 

« J'avais 9 ans en 1939 quand la guerre a commencé et 14 ans quand les petits Auvray ont été tués. Je ferais, les yeux fermés, le chemin que j'ai fait ce jour-là. Je remplaçais une employée qui était malade, au magasin qui est Coccimarket maintenant. Les patrons m'ont envoyée à une ferme rue de la Poste. Je suis partie du magasin pour aller à cette ferme chercher du lait, de la crème, des œufs et quand j'ai pris la route (en face de la poste), il y avait le char allemand et les 3 gamins dedans. Je leur ai dit : « Ne restez pas là, c'est dangereux ». Mais ils ne m'ont pas écoutée. Le grand avait 8 ans et le petit dernier 6 ans. Quand je suis revenue de la ferme, ils étaient toujours là en train de jouer – je revois les images- je n'ai rien dit. J'étais à peine rentrée dans le magasin que la détonation a retenti. Tout le monde est sorti des maisons et moi j'ai dit : « Ce sont les petits Auvray, ils étaient dans le char ! ». Je venais de les voir. La personne du magasin me donne du linge blanc, des torchons, bandages et me dit : « va vite porter ça chez les Auvray ». Et quand je suis arrivée dans la maison, les 3 gamins avaient été ramassés et étaient allongés sur la table, déchiquetés, éventrés, les boyaux traînaient par terre. Terrible. Ils n'auraient pas du m'envoyer porter ça à cet âge-là, j'en ai été traumatisée et quand j'en parle j'en suis encore traumatisée. »

Auguste Hervieu et René Hardel habitaient Moyon et étaient présents lors du témoignage de Mme Lecardonnel. Tous les trois, accompagnés de la fille de Mme lecardonnel, sont allés se recueillir sur la tombe des 3 petits Auvray.

Auguste Hervieu se souvient que la veille, le père des Auvray avait désamorcé un obus pour la poudre ou la douille et le lendemain, les enfants ont voulu en faire autant. Ils s'appelaient Ernest, Jacques et Roger. René Hardel, ancien conseiller municipal, raconte que lors du déplacement du cimetière, aucune famille ne s'est manifestée mais le conseil municipal a décidé de les transférer dans le nouveau cimetière pour ne pas oublier. 

 

A Moyon, un autre enfant, Hubert Lise, avait été tué à cause d'un engin qu'il a lancé et qui a explosé.