Témoignages de Moyonnais lors d'une après-midi "discussion" en septembre 2010

Témoignage audio 2ème partie
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TEMOIGNAGES LA VIE PENDANT LA 2EME GUERRE MONIALE

 

Chez nous, on n'a pas pas eu de bataille parce qu'on a tous fui en exode au moment où il y a eu les batailles. Enfin il fallait suivre le régime quand même. (Auguste)

 

Quand les Allemands venaient, automatiquement il y avait deux chambres qui étaient réquisitionnées. Ils arrivaient et s'imposaient. Ils ne restaient en général pas longtemps. Ils étaient bien gentils. (M.Briard)

 

Ils sont arrivés le 18 juin 1940 et le lendemain ils étaient là à Moyon. J'avais 11 ans. (Auguste)

 

Les Allemands parlaient français ou se faisaient comprendre. Quand ils disaient Scheisse, on savait que ça voulait dire merde ! (Auguste)

Ils ne faisaient pas de menaces du moment qu'on faisait ce qu'ils voulaient. Il ne fallait pas les contredire. A partir de 44, c'était différent. (Marie Viard)

 

A ce moment là, dans les commerces comme chez mes parents, ils achetaient du vin. C'étaient des clients. Ils avaient acheté des ananas et je ne sais plus comment ça se fait mais dans la maison à Victoria j'étais allé avec eux. Oh ben dis donc j'avais trouvé ça bon. Les ananas, ils les mettaient dans le vin blanc. J'avais bu pas mal de vin blanc. Au bout d'un moment ils sont venus me reconduire à la maison. Ils ont dit à ma mère « petit carrousel ». (Léon)

 

L'école

En général, quand il venait des Allemands, oh ben c'est bien parce qu'ils réquisitionnaient l'école donc on n'avait pas d'école ! (Léon)

Des fois on avait de l'école mais on faisait des manoeuvres. Il n'y avait pas de tranchées donc on allait dans le petit chemin de la commune se camoufler. (Marie) Quand il y avait des avions, la maitresse nous emmenait par le petit chemin, y'avait des abris. (Mme Briard). On traversait le jardin de l'école, un petit pré, et hop, on se faufilait là dedans. On était bien protégés. (Marie)

 

Tous gamins qu'on était, les Allemands faisaient des marches, des défilés et les gamins en faisaient autant avec un bout de bois pendu à la ceinture ! (Auguste). Ca ne leur plaisait pas ! (Marie-Louise)

 

Les gamins on était plutôt contents, ça changeait un peu, ça mettait du piment (Mme Briard). En 1944, c'est devenu plus grave. (Marie-Louise). Ils étaient plutôt gentils. Sauf une fois c'était les SS.

 

Ils étaient très droits. Quand Mme Desvages la femme d'Henry, avait eu son porte-monnaie volé, elle avait porté plainte. Et le voleur avait été à la prison, à Tessy-sur-Vire.

 

La nourriture

On était en campagne donc ça allait. Il y avait quand même des petits tickets qu'on devait découper. On les avait à la mairie. Il y avait des tickets pour les juniors, les enfants et les adultes. Chaque personne avait un ticket. (Auguste) Les adolescents avaient droit à plus que les enfants.(Mme Briard) . C'était restreint. Les Allemands prenaient tout, c'était pour leurs troupes. (marie-Louise). Il y avait une liste des restrictions. (Auguste)

En campagne on ne manquait pas mais les parisiens oui. (marie). Vous peut-être parce que vous aviez du blé peut-être mais nous le pain, c'était juste ! Il fallait qu'on aille à Tessy pour avoir un petit morceau de pain. Le pain, c'est ça qui manquait le plus. On avait les légumes dans le jardin mais les Allemands allaient arracher les pommes de terre et nous on n'en avait plus. (Marie-Louise).

En campagne on arrivait à se fournir (Mme Briard). On tuait des volailles, des lapins, des cochons à la fin on tuait des veaux qu'on mettait en bocaux car il n'y avait pas de congélateurs à l'époque. On tuait chacun son tour par village et tout le monde venait en chercher. Il n'y avait pas de frigos non plus. Il y avait des cases au Mesnil Opac mais c'était dans les années 1960 ! (Marie, Marie-Louise)

 

Le couvre feu

Y'avait le couvre-feu. Il ne fallait pas qu'il y ait de lumières car les avions passaient. On n'avait pas le droit d'allumer, il fallait que ce soit camouflé. Il ne fallait pas que la lumière soit vue de dehors. C'était strict. Il fallait mettre des rideaux pour ne pas que la lumière soit vue. (Marie-Louise)

 

Les transports

On se déplaçait à pied ou en vélo car si peu de voitures qu'il y avait, il n'y avait plus d'essence. (Auguste)

 

Le père Guérin a été tué le 6 juin 1944. Il s'en allait chercher du pain avec son âne chez son gendre à Fervaches. Puis en s'en allant le 6 juin il y a un avion qui s'amenait et qui a tué le bonhomme qui était avec une voiture à âne. L'âne n'a pas été tué mais il était resté dans le talus et c'est Léon Laurent qui l'a trouvé qui est passé le premier qui l'a vu. (Auguste)

Il y en a eu à ce moment là sur les routes. (M L)

Normalement on n'avait pas le droit de sortir avec des véhicules. (Mme Briard)

 

Le 6 juin 1944, on aurait du passer notre certificat d'études. (Marie)

Moi j'étais pensionnaire à L'institut d'Agneaux mais on avait été repliés à La Chapelle sur Vire car il fallait quitter les villes, les grands bâtiments.

Quand ils ont vu que ça prenait mauvaise tournure le 6 juin, ils nous ont dit "les enfants, rentrez chez vous"

Ils m'ont dit t'habite pas loin, à Moyon, tu vas bien rentrer chez toi à pied, j'ai dit oui, oui, j'étais content, c'était les vacances !

C'était quand même imprudent, tout seul ! (Léon)

Finalement les Allemands on les regardait passer. Ce n'était pas désagréable pour des gamins de voir passer des tanks.

Il n'y avait pas toutes les informations qu'il y a maintenant, il y avait juste la radio clandestine mais très peu l'avaient. Ils donnaient des nouvelles à d'autres quand même. Le 6 juin, je ne sais pas comment on l'a appris. Pas de journaux à part le journal communal La Croix. (Marie)

C’était la communion le 4 juin. La nuit du 4 au 5, le parquet bougeait, St-Lô avait été bombardé toute la nuit. On n'a pas dormi de la nuit.

On est parti en juillet 1944. A partir du 6 juin, c'est là que les Allemands sont arrivés dans les maisons à Chevry. Ils ont occupé la maison, j'étais seule avec ma mère et ma soeur, on était trois et les Allemands étaient 4, on couchait dans la pièce où ils étaient. (Marie-Louise)

Moi j'ai été jusqu'en dessous de Mortain, nous à Brécey, d'autres à Moulines, en dessous de St Hilaire.

On allait le plus loin possible du front.

Quand on est arrivés au Carrefour Paris, entre Le Mesnil Herman et Villebaudon c'était que du monde, partout sur la route. Y'en a qui étaient en voiture, en voiture à chevaux ceux qui n'en avaient pas avaient parfois avec une grand-mère grabataire dedans. (Auguste)

Je me souviens mes parents avaient emmené une vache pour avoir du lait pour mon petit-frère qui avait deux ans. Alors on a emmené la vache mais elle a été tuée sur la route par un avion. (Mme Briard)

Ceux qui avaient des chevaux, ils avaient de la chance. Nous on n'avait que le vélo et puis le chariot. (M.Briard) Le père Grente, le menuisier, faisait des chariots en série ! Tout le monde allait en acheter.

Quelques uns sont restés. En principe on avait un lieu d'atterrissage. C'était dans la Mayenne.

A Percy on a été dans le Chérencé. On a été trois semaines partis.

On était bombardé tout le long du parcours, par des avions qui piquaient. On se mettait à plat ventre dans le fossé quand il y avait un avion qui arrivait. (Mme Briard)

 

Moi mon père était parti en Allemagne, on a eu la nouvelle en 41 qu'il était décédé alors ça nous a mis un coup. Un accident, il est passé sous une voiture (Auguste). Ca nous a sauvé par ailleurs car tous les mois il fallait présenter en réquisition les chevaux, les boeufs ou les vaches. Il fallait tant de vaches et nous on avait reçu une lettre d'Allemagne par laquelle il était décédé. C'était écrit en allemand, ma mère l'a mis au feu, je le regrette. On présentait ça et allez hop on s'en retournait sans rien donner.

Ils exigeaient tant de chevaux, il fallait les trouver. A la fin ils volaient. Ils commençaient à ne pas être bien non plus parce que forcément avec les Américains qui arrivaient, ils étaient de plus en plus serrés. (Marie-Louise)

Le 24 on est partis à Percy, on a couché en haut de la Binette, deux jours après la maison a été brûlée. Le lendemain on est partis à Chérencé le Héron, on a été pris sous le bombardement à la ligne de chemin de fer après Villedieu. Les avions s'amenaient. Pouf, y'a le père Mauviel, la bombe lui a tombé à côté, il n'a pas été blessé, le cheval non plus. Par contre la grand-mère on ne la voyait plus. Comme elle était handicapée, elle était assise sur le devant. On ne la voyait plus sous la terre. Moi j'avais 14-15 ans, j'avais envie de rire. Pas question d'aller plus loin, la route était bouchée, on a doublé et puis je suis parti et on m'a dit puisque tu ris tu vas demander si on peut se mettre là où est l'abbattoire de Ste Cécile. Ils ont dit si vous voulez. Il y avait sept cercueils dans la maison ! (Auguste)

On a été trois semaines partis, on est rentrés le 13

 

A l'école on jouait avec des tas de feuilles, on jouait à la marelle, la corde, la balle. Dans les cahiers, on écrivait sur les marges car il y avait une restriction du papier. On n'avait pas grand chose comme matériel. Les crayons de couleurs, y'en avait pas beaucoup. Fallait pas gaspiller, on manquait de tout. (Marie-Louise)

On n'avait pas de console comme maintenant. (Mme Briard). J'avais une poupée mais fallait la regarder, fallait pas jouer avec. (Marie)

 

En 40 j'avais 20 ans, j'étais agriculteur, j'étais chez mes parents à St Martin de Bonfossé. Quand les Allemands sont arrivés par là, je n'étais pas là, j'étais dans le centre de la France. J'avais été appelé le 8 juin 1940. On y est restés trois semaines puis les Allemands nous ont ramenés en zone libre parce qu'ils ne savaient pas quoi faire de nous, il y en avait tellement.. On a poireauté pendant un mois, personne ne savait quoi faire de nous. On était quand même sous le contrôle de l'armée mais elle était complètement désorganisée. Et puis après j'ai été un mois à Clermont Ferrand et après en forêt faire du charbon de bois dans les chantiers de jeunesse. Ah ben c'était beau, on était habillés comme des camelots ! On avait un morceau de savon qui était gros comme un oeuf de poule, pour un mois, pour se laver, et laver ses vêtements et on travaillait tous dans le charbon ! On ne changeait pas de chemise car on en avait qu'une ! Là on travaillait pour les Allemands, pour faire marcher les véhicules qui marchaient au gazogène à l'époque. Les trois quarts, c'étaient les allemands qui le prenaient.

Tout ce que l'on produisait en France, les Allemands le prenaient, que ce soit des pommes de terre, des betteraves ou du beurre, ils commençaient par se servir.

Quand je suis revenu à la ferme, il y avait des Allemands partout. Au printemps 1943, j'ai reçu des ordres pour aller travailler dans une entreprise allemande. Je ne suis pas parti, j'étais réfractaire. Je ne me suis jamais débrouillé pour avoir les papiers alors je ne touche rien. Y'en a qui allaient dans des familles au loin et qui étaient camouflés. Moi j'ai dit : « je reste là ». J'étais auprès du bois de Soulles, je me suis dit que si j'allais plus loin, je serais aussi visible que là où j'étais.

Remarque, un jour un allemand m'a dit : « vous monsieur, toi partir travailler en Allemagne ». J'ai répondu non, moi kaputt ! » Il m'avait fait peur quand même ! (Aimable)

 

M.Yver faisait des fausses cartes d'identité.

 

J'en ai jamais fait faire de fausses cartes d'identité mais je connaissais un homme qui en faisait : Georges Lescaux. Il a été emprisonné à St-Lô et tué sous le bombardement en 1944. Tout ça pour vouloir rendre service à d'autres. (Aimable)

J'ai connu des personnes qui se sont faits fusillées car ils envoyaient des personnes en Angleterre. On les appelait les passeurs.

Y'en avait un sur Chevry, il a été fusillé au mur à St-Lô.

 

En campagne, on n' a pas trop souffert des privations. J'avais un frère et une soeur plus âgés. Mon frère a fait 7 ans dans l'armée. Il a été mobilisé. Il a fait son service militaire et celui-ci terminé, la guerre s'est trouvée donc il l'a faite et il a été prisonnier cinq ans. 7 ans parti. (Aimable)

 

L'occupation, c'était calme. Je suis née en 15, j'avais 25 ans. Je travaillais à la ferme, mon mari était parti prisonnier le 1er septembre 1939, il est rentré le 27 mai 1945. Il fallait bien supporter comme tout le monde. Le temps de l'occupation, on n'était pas embêté dans les fermes. C'est le débarquement qui a été plus mouvementé.

J'ai eu les allemands dans la cuisine pendant un mois. Tout d'abord, ce sont les SS qui sont passés. Il s n'étaient pas faciles !Il paraît que c'étaient des sortis de prison, ce n'était pas de la bonne crème !

Ils sont arrivés tous cassés à les entendre. Heureusement, ils sont allés dans la cave, ils ont bu, ils ont été rétamés, ils ont dormi tout l'après-midi ! Ils s'en allaient sur le front.

Ils ont beaucoup réquisitionné les cuisines. Je ne sais pas ce qu'ils faisaient à manger, je ne les dérangeais pas ! (Antoinette)

Quand ils venaient boire le café chez nous, ils mettaient le grain aussi !( Marie Louise)

Chez nous ils avaient cueilli des cerises et ils les avaient mises à cuire dans l'eau. Enfin il ne fallait pas les critiquer parce qu'ils n'étaient pas méchants ceux là. Un jour j'avais fait des crêpes, j'avais mon beau-frère et ma soeur qui étaient réfugiés à la maison avec leurs gamins, et ils donnaient des galettes à mes petites nièces. C'étaient des gars qui avaient 35-40 ans. (Aimable)

 

Certains parlaient français car l'Alsace était allemande. Justement il y en avait un alors on pouvait communiquer parce qu'il parlait français comme il faut. Il n'était pas pour les Allemands, il avait été enrôlé de force. (Antoinette))

A la fin je ne sortais pas beaucoup comme j'étais en situation irrégulière. J'avais un copain qui habitait à Canisy, il s'en allait sur St Lô et hop il a été pris. (Aimable)

 

Au débarquement, je ne suis pas allée loin et si j'avais su, je n'aurais jamais bougé. Je l'ai toujours dit : si je revoyais ça, je serais restée à la maison, parce qu'il fallait passer sous le feu d'un sens comme de l'autre, qu'on soit à 15 ou 50 km, il fallait passer sous le feu. J'ai été un moment chez ma belle-mère à Beaucoudray mais là ça y allait ! Mesnil Opac et Beaucoudray, c'étaient deux buttes alors il a bien fallu partir. Quand on est partis, les obus, j'avais un gamin qui avait 4 ans, et les obus passaient à ras. Il ne devait pas être l'heure de mourir. Je le tenais pas la main, on s'est couchés dans la haie. Il fallait bien que les enfants suivent, quand on était partis, on était partis. C'est parce qu'on avait eu ordre de s'en aller de Moyon. (Antoinette))

 

Chez mes parents, on a tout retrouvé, même les vaches ! Il y avait juste un carreau qui était cassé. (Aimable)

Chez nous il n'y avait plus une bête, forcément, il n'y avait plus de haie. Les Américains étaient venus à travers partout. (Antoinette)

 

On est partis à 45 de Moyon et quand on est rentré il restait du beurre dans la carriole, on s'en servait pour faire la cuisine le temps qu'on avait été partis. Quand on est rentrés on a descendu le beurre et le temps qu'on fasse un peu d'ordre par ailleurs, la cochonne est arrivée avec ses cochons et ils ont mangé le beurre dans la maison ! (Auguste)

 

Y'en a qui avaient la radio. Il y avait radio paris et ici Londres. Quand on était quitte, il fallait changer la station. Mon père, quand il se levait, il mettait radio londres. C'était sur la guerre, on avait un peu de nouvelles. Sauf en 44, il n’y avait plus d'electricité alors il n'y avait plus de radio, ni plus rien. (Aimable)

Il y avait un téléphone par commune ! (Auguste)

 

Le problème de l'école, moi j'avais cinq kilomètres, j'habitais à la ferronnière, c'était d'avoir des sabots qui tiennent le coup car les chaussures étaient en carton bouilli et c'était tout. Tout le monde était en sabots. (Auguste)

Quand on rentrait dans l'école tous ensemble, ça faisait clic clac clic clac. (Aimable)

Et il fallait qu'ils soient cirés ! Mais comme il n'y avait pas de cirage ni rien du tout, il y avait une tuile qui était pendue dans la cheminée qui servait à faire de la galette, on frottait les sabots dessus. Dans une maison où y’avait un ou deux gamins, ça allait, mais dans une maison où il y en avait une demi-douzaine, le dernier, ses sabots n'étaient pas trop beaux !

Et c'est qu'à ce moment là, on avait des instituteurs qui étaient durs, et celui qui avait les mains sales, il fallait aller à la pompe. (Auguste)

On n'était pas très propres, il n'y avait pas l'hygiène qu'il y a maintenant

Il n'y avait pas d'eau sous pression, il fallait aller chercher l'eau au puits et dans les cours y'avait un puits ou même une fontaine qui étaient en bordure du puits, les canards s'amusaient dans la fontaine et nous on prenait l'eau du puits. Et il n'y avait pas de malade !( Auguste)

 

A Moyon il y avait trois épiceries et même 5 avant.

La majorité des habitants étaient agriculteurs mais on avait 10 ou 12 vaches. Certains en avaient même moins. Ce n'étaient pas les grandes fermes de maintenant. (Mme Fontaine). Les plus grandes du Mesnil Opac, il y avait 15-20 vaches.

 

Une nuit j'avais couché dehors avec mon frère Fernand là où est la marpa maintenant. On s'était retrouvé avec Eugène et Frédéric, ils ronflaient si bien que je suis retourné coucher à la maison. (Leon Briard)

 

Je me rappelle que j'ai volé des clous aux allemands. Ils réparaient les voitures, ils étaient gentils (Auguste)

Il fallait déposer les armes, les fusils à la mairie. A la maison mon père en avait un, mon père a vait dit qu'il fallait qu'on enterre le fusil. J'avais fait le trou plus grand pour mettre autres chose avec.Un allemand arrive et me dit : Quoi là? Quoi là ? « J'ai dit quand beaucoup boum boum, nous va là dedans ! « Gross filou m'a t-il dit ! J'ai quand même profité de tout enterrer là dedans et nous avons retrouvé ça en rentrant.

Par contre une fois y'en a un qui arrive et qui demande du beurre pour le chef et il insistait. On lui dit : reviens dans deux jours. C'était un gamin, je lui ai demandé son âge, il a dit 17. Moi, deux frères morts en Russie, deux frères morts en Normandie, moi peut-être demain. A 17 ans !

Dans le coin, ceux qui ont eu le plus de SS, c'était chez Eugène Lecoeur à la petellerie. Y'en avait une équipe, c'était une catastrophe !

Y'en a un qui est venu un jour à la maison, il pleuvait à verse. Il s'amène avec le bourrit (âne) au père Lecoeur. Il avait un clairon car le père Lecoeur était musicien. Il tapait sur le bourrit pour le faire marcher. Le SS était complètement saoul, il arrive à la maison et voulait rentrer le baudet dans la maison. J'ai dit non, hop dehors. Puis il lui fallait du feu pour sa cigarette, qui était trempée, car il pleuvait. « Chercher feu ! » je m'en vais chercher du feu quand même en me disant il fait chier ce con là, je reviens avec du feu, je lui donne, il le prend pour l'allumer et a renvoyé le baton dans le fond de la maison dans la cheminée.

Et puis comme on avait des chefs qui étaient tout à fait gentils à la maison, j'ai réussi à faire signe à l'un deux, il est venu. A mi cour, il a appelé le SS qui s'est mis au garde à vous devant mais il ne tenait pas debout. Ils ont été là peut-être 20 minutes ou une demi-heure. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dits mais il est reparti chez le père Lecoeur avec son bourrit et le chef est venu nous voir et nous a dit : ne vous en faites pas, il ne reviendra pas demain car il sera au front. Ils ne lui ont pas fait de cadeau malgré que ce soit un SS. (Auguste)

Les Américains donnaient des bonbons, des sucres d'orge, du chocolat, des cigarettes. Nous on se demandait ce que c'était que le café en poudre. (Suzanne)

Ce qui nous avait émerveillés, c'étaient toutes les conserves qu'ils avaient car ils ne mangeaient que ça les américains. Tout était dans des boites en carton fermées avec du collant. Il savaient chacun leurs rations en boite sur eux pour la journée. Y'avait pour le petit déjeuner, le déjeuner, etc. c'était bien organisé. Des fois ils nous en donnaient. (Aimable)

 

Un jour il fallait qu'on aille chez le grand père alors nous voilà partis à pied sur la route forcément, j'arrive sans problème. Dans le milieu de la pièce, il y avait un tas de terre très haut, je n'avais jamais vu ça, je me demandais ce que c'était. Curieux, je m'en vais voir auprès. Il y avait une DCA qui était plantée là et il y avait un allemand au pied. Je suis allé chez le grand père et au retour je ne suis pas passé par là ! Arrivé plus loin, une voiture allemande s'arrête : deux descendent, dont un de la Gestapo. Ils m'ont demandé qui était Jo Cornu. J'ai dit que je connais pas. Ils m'ont demandé si j'étais de Moyon. J'ai dit oui. « Vous connaissez route de St-Lô ?

J'ai dit oui, c'est là

mais vous savez où il habite

Non

Ils sont remontés en voiture et sont partis. Je savais bien où il habitait.

Ils le cherchaient car c'était un gars qui faisait de la résistance. Il était à la tête d'un réseau au havre. Il a été coincé là bas je ne sais pas trop comment mais ça n'a pas été trop grave mais il est mort l'année d'après, d'une mort subite. (Auguste)

Ils cherchaient à faire tout ce qui était contre les Allemands. Ils coupaient les communications pour ne pas que les allemands puissent communiquer

 

Des gens les dénonçaient, il y avait des traitres, des collabos comme ils disaient. Ils fraternisaient avec les Allemands. Il y avait des français qui admettaient la doctrine allemande (Aimable)

La preuve que les nouvelles ne circulaient pas, le 15 juin quand il y a eu les 11 fusillés de Beaucoudray, il n'y avait que le bois de Moyon entre nous mais on ne l'a pas su. Personne ne le savait. (Auguste)

C'est comme au débarquement. Le 1er jour, on ne savait pas trop ce qu'il se passait. Aimable

Nous on l'a su le lendemain parce que nos cousins étaient à St-Lô. On a vu le feu de Mesnil Opac, on voyait le bombardement. (Mme Fontaine)

Tous les jours des réfugiés de St-Lô passaient, par les petits chemins. Deux familles se sont réfugiées chez nous. ML

Sur les routes pendant l'exode il y avait des draps blancs sur les voitures pour montrer que ce n'était pas des allemands. Le jour qu'ils nous ont bombardé à Villedieu, dans notre convoi tout le monde se suivait et il y avait des allemands qui venaient. Il y avait le croix rouge qui descendait avec le sang qui pissait derrière la voiture et les avions qui tournaient au dessus. Y'a un side car qui est passé entre nous, il s'est foutu dans la rigole. On a couché un soir à Montigny en dessous de Brécey, et il y avait deux gars à la ferme de mon âge qui allaient chercher du trèfle pour les chevaux. Je suis allé avec eux, y'a les avions qui se mettaient à tourner, je me suis mis sous une voiture, les autres m'ont dit mais tu n'es pas bien, j'ai dit si tu avais été chez nous tu comprendrais ! Ils n'ont pas eu d'ennuis en dessous de Brécey. Ils ne comprenaient pas pourquoi on était arrivé là. (Auguste)

 

Y'avait des kermesses et des pièces de theâtre qui étaient organisées pour venir en aide aux prisonniers mais c'était que l'après-midi car il n'y avait pas le droit de circuler la nuit, il y avait le couvre-feu. (Aimable)

Quand on est passé à Percy en exode, on voyait les pieds des civils qui étaient sous le bombardement, ils étaient morts là dessous. Quand on est rentrés à St Hilaire, c'était la même chose. La veille qu'on arrive là bas, ça bombardait, le prêtre s'était mis dans une tranchée, il y a été tué avec 21 de sa famille.

Les Allemands avaient empli l'Eglise de St Hilaire d'essence. Forcément ça a été signalé, alors les Américains ont bombardé, tout a pris feu. Les villes les plus détruites ont été les grandes villes, St-Lô, Coutances. Là bas il y a même une vache qui a atterri dans un arbre par la puissance d'une bombe.

Une fois j'avais trouvé une bombe en labourant ! (Aimable)

Les premières années après l'exode, des prisonniers allemands avaient été embauchées pour déminer. A St-Lô il y a la liste des allemands et des français qui ont été tués en déminant.

Il y avait le chef des démineurs de St Lô qui s'appelait Lepage, il avait été interrogé un jour par un journaliste de La manche Libre et il avait dit, je m'en rappellerai toujours : « dans notre métier, on ne se trompe qu'une fois . » (Aimable)

Chez nous au printemps il y avait le commandant qui était à St Lô, qui venait à la chasse chez nous. Il mettait sa voiture dans la cour. On ne l'invitait pas ! Un jour, il avait tué un sanglier, il était dix heures du soir, au mois de juin, il a fallu qu'on se relève pour aller chercher le sanglier dans le bois. Et puis il s'est mis à le dépouiller dans la cour. Alors pour y voir plus clair, ils avaient allumé la lumière de dehors alors qu'il fallait que toutes les lumières soient camouflées. Alors comme récompense, ils nous ont laissé les boyaux. (Aimable.)

 

Nous on était dans une ferme à la colombe. On était 56 dans la même ferme. (Mme Fontaine). C'est le fils de la maison qui a été tué par un obus américain en allant chercher du cidre pour nous donner à boire. Les américains sont arrivés le lendemain. On a passé à travers les champs où les américains étaient passés avec leurs tanks parce qu'on avait pas le droit sur la route. On est allés au cimetière de La Colombe à travers les champs pour l'enterrer. C'est mon cousin, avec des planches que le papa du garçon avait, qui a fait le cercueil .(Mme Fontaine)

Ma grand mère est décédée au carrefour paris, elle a été ramenée au cimetière sur un chariot.

Quand on est revenus d'exode, les morts avaient été enlevés mais quelquefois il en restait, une fois j'en ai vu un avec une épaisseur de vingt centimètres d'asticots au dessus. (Auguste)

Si le soldat était tombé dans un endroit pas prévu, forcément il y restait. (Aimable)

Quand il y a eu le débarquement, j'avais tellement peur que je ne voulais plus coucher dans mon lit ! Je me couchais dans l'étable car je me disais que le temps de me dépatouiller des draps et de descendre de mon lit, j'ai le temps de recevoir la maison sur le dos !(Aimable)

On était trois enfants avec ma mère et chez Emile Levilly qui venaient coucher là. Tout le monde couchait dans la chambre. Et puis le père Joret et Tatave et Gisèle qui avait deux trois mois, qui gueulait comme un âne. (Auguste)

Quand on partait, on laissait tout mais après on ne retrouvait rien mais ce n'étaient pas les allemands ni les américains qui volaient mais d'autres français qui étaient passés.

Il y en avait qui avaient deux chevaux et après le débarquement ils en avaient 4 !( Mme Fontaine)

Les allemands avaient bon dos : (Aimable).

Les guerres c'est comme ça, ça profite à certains et ça fait du mal aux autres (Antoinette))

 

J'avais trouvé un accordéon au pied d'un chêne, malheureusement il était mort. C'était une des occupations des allemands. C'était de sacrés musiciens

C'était de la collaboration j'en conviens, mais on avait un veau à la graisse, c'était convenu que Louis Ozenne le boucher, nous le prenait, puis le dimanche il nous dit : « ne comptez pas sur moi, je ne prendrai pas le veau., parce que j'en ai de proposé, j'ai tout ce qu'il faut, et puis les gens sont inquiets, ils n'ont plus faim, ils vont partir. » Je me suis dit qu'est ce qu'on va faire du veau ?

Alors y'a un allemand qui me dit : veau comme ça, pour nous ? J'ai dit tu m'as pas regardé et puis le lundi, il revient, il dit demain, demain, parce qu'il était pressé, alors on s'est arrangé pour un prix et puis il est venu le lendemain avec un copain chercher le veau. Mais je dis oui mais payer. Le lendemain matin je me pointe dans le bureau des gradés, mais là ils ne savaient plus. Je dis petite vache, ils m'ont dit nous on l'a renvoyé après, mais finalement ils nous l'ont payée. J'avais quinze ans.(Auguste)

Mon frère il leur avait vendu deux cochons gras. Ile en avaient acheté un 50 francs. Ils nous avait donné un papier. Quand on est rentré ils en avaient tué un mais l'autre était là. On avait le papier mais on avait encore le cochon! Donc mon père a mis le papier au feu. (Aimable)

Y'avait encore un allemand qui venait à la chasse chez nous, il dit y'a des chevreuils dans la forêt (le bois de Soulles). Il dit j'ai pas le droit d'y venir car la chasse dans le bois de Soulles était réservée aux commandants qui étaient à St Lô, les autres soldats n'y avaient pas droit. Il me dit y'a des chevreuils dans la forêt, je viens d'en tuer un mais surtout n'en dites rien car sinon je m'en vais en Russie. Deux trois jours il arrive avec son Moser en vélo, il s'en va dans le bois. Un quart d'heure après on entend pan et puis l'allemand se ramène avec le chevreuil sur le dos. Il me dit surtout ne dis rien, et il nous a rapporté un gigot. Il était interprète de l'unité à Canisy, il paraissait sympathique. (Aimable)

Y'en avait des bons des allemands mais ils étaient obligés d'obéir (la dame). Dans les Américains, y'avait des crapules aussi. (Aimable)

Quand ils sont arrivés (les américains), j'en avais une peur noir parce que j'étais une malheureuse petite bonne femme et c'est qu'ils aimaient bien les femmes. (Antoinette)

Nous ils ne nous ont pas fait de mal. De la Colombe, on voulait revenir au Mesnil Opac, mes deux frères avaient des vélos avec mon père, eux ils sont revenus mais nous on était à pied. Un beau jour ma soeur et moi, on s'est décidés de partir de la Colombe, on a fait signe à un camion américain, ils se sont arretés et nous ont embarqué. On lui a dit St Lô. On a eu de la chance à St Samson y'avait un convoi qui venait de Condé, qui revenait sur Villedieu, ce qui fait que ça bloquait le camion. On en a profité pour descendre et on est repartis à pied au Mesnil Opac. (Mme Fontaine)

Les allemands c'était peut etre des vaches mais les américains n'étaient pas des saints non plus ! (Aimable)

Comme partout, y'avait des bons et des mauvais. (Antoinette)